QU'EST-CE QUE CROIRE ?

          Demander ce que c’est que croire, c’est demander ce qui fonde le fait de croire, ce qui est l’essence de cette action. Car croire, ce n’est pas la croyance, puisqu’une croyance porte sur un objet, et que croire est la manifestation d’une croyance relative à un objet, un fait par lequel un individu qui croit manifeste cette croyance.

     Croire, ce peut être transitif. On croit en quelque chose, ou à quelque chose. Dans ce cas, croire est la manifestation d’une constance de croyance, prenant la forme d’une confiance accordée dans le temps à quelque chose. D’autre part, croire pris d’une manière générale semble plus considérer la vérité ou la fausseté de la chose, du discours ou de la personne qui doivent être crus. Dans ce cas, croire s’oppose a priori à savoir entendu comme la certitude de la vérité ou de la fausseté d’une proposition particulière rejetant tout doute possible.

     Or, si croire c’est agir selon un degré de confiance accordé à la vérité ou la fausseté d’une proposition (ou d’un fait) sans pour autant être une connaissance, alors croire n’apparaît que comme un degré incertain de savoir, comme un savoir encore indéterminé dont on choisirait aléatoirement une détermination jusqu’au moment de la détermination réelle par le savoir. Pourtant, concernant l’effet de certitude des deux, croire et savoir semblent se déterminer de la même façon. Dès lors, il apparaît que soit tout n’est que croyance selon des différences de degrés, soit toute croyance est un savoir qui s’ignore, soit les certitudes que l’on tire de ce que l’on croit ou que l’on sait sont différentes. Autrement dit, puisque l’on semble tirer les mêmes résultats du fait de savoir ou de croire certaines choses, soit il y a méprise sur les effets tirés de ce que l’on sait ou croit, soit il y a méprise quant à la distinction entre ce qui est su et ce qui est cru.

      En vue de démontrer la nécessité de cette alternative et afin de préciser ce qu’est l’essence non de la croyance mais de l’acte de croire, commençons par nous pencher sur le cas de celui qui croit de manière à distinguer les différentes manières de croire. De là, nous préciserons la différence entre croire et savoir. Enfin, nous verrons par la distinction entre croire et faire croire comment croire peut être considéré comme une opération dialectique de définition précédant toute forme de savoir.

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