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CRITIQUE : 

PLANTINGA – DOES GOD HAVE A NATURE?

Pour essayer d'en finir avec l'incessante et trop pesante présence de dieu en science : critique du fondationalisme théiste d'une philosophie analytique.


Septembre 2018 

          Dans une conférence donnée en 1980 à l’Université Marquette, dans le Wisconsin, à l’occasion de la 44ème Aquinas Lecture, A. Plantinga se penche sur la question de savoir si Dieu a une nature, c’est-à-dire « une propriété qu’il a essentiellement et incluant toute propriété qui lui soit essentielle ». Plantinga, pour ce faire, se penche de manière essentiellement réfutative sur les différentes tentatives de réponses qui ont pu être données par la tradition théologique et dans la philosophie des religions, en soulignant comment les réponses fournies notamment par Thomas d’Aquin et Descartes se révèlent insuffisantes dans les définitions qu’elles proposent de la nature divine, pour finalement souligner comment dépasser ces échecs en soutenant ce qu’il « prend pour la simple vérité : Dieu a une nature qui n’est pas identique à lui-même* », contre l’idée de simplicité divine soutenue par Thomas d’Aquin.

     Pour soutenir cette thèse, Plantinga, philosophe analytique, va concentrer l’essentiel de son étude sur les liens logiques articulant les différentes propositions de réponses, de manière à souligner ce qu’il décrit comme des contradictions dans ces énoncés qu’il étudie afin de clarifier autant que possible la pensée philosophique de la nature divine. Or, si Plantinga rejette les conclusions proposées par les positions qu’il étudie, il fait cependant reposer son analyse de la nature divine sur les mêmes principes que ceux sur lesquels tiennent les thèses qu’il réfute, à savoir « la pensée chrétienne de Dieu en tant qu’être d’une incomparable bonté [greatness]* ».

     Plantinga, en effet, se penche sur la question de la nature divine d’un point de vue ouvertement chrétien, dans la mesure où, dans ses études des différentes réponses apportées à la question, il considère comme acquis le postulat — qui est, par ailleurs, le présupposé nécessaire pour donner un sens à cette question — selon lequel Dieu existe, qu’il est d’une certaine manière (« Dieu [selon certains arguments] n’aurait pas pu exister ou n’aurait pas pu être tel qu’il est* »), « d’un point de vue théiste* », c’est-à-dire selon lequel « Dieu est un vivant, conscient, être sachant [being who knows], voulant et agissant* », autrement dit une personne.

     Dans la lignée de ce qu’il soutenait en 1967 dans God and Other Minds, Plantinga part ici du principe selon lequel Dieu peut être connu de certaines personnes en tant que croyance fondamentale (« basic belief ») devant être considérée, du point de vue de la théorie de la connaissance fondationaliste, comme non-inférentielle et évidente ; ne nécessitant aucune justification, en somme, du fait qu’elle ne soit pas de nature à être justifiée. En effet, se penchant sur une première approche de la question, Plantinga souligne que la vérité selon laquelle nous savons moins de chose de Dieu qu’il n’y en a à savoir « est compatible avec notre connaissance de quelque chose à propos de Dieu — le fait qu’il existe et qu’il ait créé le monde et qu’il nous aime, par exemple* », soulignant par-là que cette croyance théiste en un Dieu personnifié et conscient est alors considérée comme une connaissance.

     De la sorte, le raisonnement de Plantinga reposant sur une croyance indémontrable et se refusant à toute justification, il semble que l’on puisse en puisse dire qu’il ne constitue pas à proprement parler une entreprise de philosophie des religions, mais plutôt de théologie théiste, dans la mesure où il présuppose l’existence de Dieu ainsi que les caractéristiques qui lui sont attribuées par les Écritures. En effet, considérant la philosophie comme logique de la science, à la manière du positivisme logique, c’est-à-dire examinant les théories prétendant expliquer les théories scientifiques — entendons, ici, les théories visant à rendre compte des choses et phénomènes avec lesquels nous interagissons — et en dégager des relations logiques, nous pouvons dire avec R. Carnap que la réflexion de Plantinga, comme celle d’un métaphysicien, se présente comme celle d’un « musicien sans talent musical », dans la mesure où son étude, en tant qu’indémontrable, semble s’apparenter à une démonstration logique autour d’une figure fictive, la rendant ainsi vide de sens dans son rapport au réel (entendu ici par opposition au fictif). De ce point de vue, une conception proprement philosophique — après avoir répondu négativement à la question de savoir si l’on peut avoir une certitude (non-intuitive) des présupposés théistes — chercherait plutôt à savoir pour quelle raison la tradition a tant cherché à affirmer ces intuitions et à quoi ou qui elles servent.

     Pour autant, une telle réponse à l’étude analytique fondationaliste de Plantinga n’est pas suffisante dans la mesure où, comme les objections de Popper, Quine et Putnam au positivisme logique l’ont montré par la suite (nous reviendrons sur ces positions), la théorie contemporaine de la connaissance ne peut se satisfaire d’une dichotomie entre jugements a priori (invérifiables), et empiriques (protocolaires, observationnels). Dans ce qui suit, nous tenterons de montrer qu’une critique néo-positiviste tenant compte de ces arguments contre l’empirisme logique peut être adressée au fondationalisme de la théologie analytique de Plantinga.

     Pour ce faire, nous commencerons par détailler les manifestations des intuitions théistes de Plantinga dans son ouvrage Does God Have a Nature? afin de souligner la dimension tautologique sous laquelle peuvent apparaître ses énoncés logiques. De là, nous nous pencherons sur la forme logique des arguments présentés par Plantinga, que nous étudierons à l’aune de l’empirisme logique et de sa critique par Popper, Quine et Putnam, ce qui nous permettra de déterminer quelle place accorder à l’argumentaire de Plantinga dans le champ des théories de la connaissance face aux problématiques épistémologiques contemporaines comme celle de l’observabilité en physique quantique.

[...]

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Critique de Plantinga 

(10 p.)

Critique de Plantinga: Fichiers

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