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LA VIE COMMUNE

Novembre 2020

          Communément entendue par opposition à la mort, la vie, telle que la considère la biologie (c’est-à-dire la science expérimentale dont l’objet n’est autre chose que la vie elle-même dans ses différentes manifestations), est une notion obscure que l’on utilise pour décrire les êtres naturels complexes animés de manière autonomes, par opposition à la matière organique inerte. En ce sens, la vie est une notion dont l’usage permet de regrouper ensemble les êtres dits vivants de par leur capacité propre d’agir ou de se mouvoir. Dès lors, parler de « vie commune » selon cette acception scientifique reviendrait à synthétiser sous un même terme ce qui permet au vivant d’être vivant, et l’expression deviendrait alors tautologique. Car la notion de vie que l’on considère en biologie comprend a priori ce caractère commun permettant de regrouper certains êtres sous la catégorie de vivants.

     Lorsque l’on parle de « vie commune », on semble alors considérer une sorte de vie plus spécifique, comme métonymie de la compréhension scientifique de la notion de vie. La vie que l’on considère comme commune, pour donner à sens à l’expression, doit être alors à entendre plutôt comme mode de vie, comme manière d’être en vie – sens métonymique, donc, puisque l’on considère une certaine actualisation de la vie elle-même. Cette sorte particulière de vie sera ainsi dite commune soit en tant qu’habituelle (en tant qu’elle relève d’un usage commun, d’une manière de faire qui est répandue), soit en tant qu’elle regroupe des individus dans une même manière de vivre (elle met ces individus en commun, ensemble, et se propose comme unique manière d’être pour eux en vie).

     Or, ces précisions sur la vie commune nous montrent que la vie comprise dans l’expression de « vie commune » n’est en fait qu’en apparence métonymique. En effet, si la notion de vie comprise par la biologie considère le mouvement et l’action autonome de certains êtres naturels et qu’elle leur est ainsi commune par définition, elle est avant tout une forme de mouvement et d’action de certains êtres. Considérer donc un mode de vie, une manière de vivre, devient également tautologique de cette définition biologique de la vie – puisque l’on veut définir un mouvement en disant qu’il est mouvement. Comme le montrent les deux acceptions de « vie commune » que nous venons de relever, il s’agit encore d’une manière de vivre, d’être en vie ; la seule différence se trouvant dans l’angle selon lequel on décide de se concentrer sur cette notion de vie.

Il semblerait alors que, quelle que soit la manière de la considérer, « la vie commune » soit une formule tautologique. Pourtant, la notion de vie s’applique pour la description d’une pluralité d’être naturels différents, et non proprement identiques les uns aux autres, et l’expression devient d’autant plus tautologique si l’on ne précise pas ce qui fait la particularité de certains êtres vivants au sein de cette même vie qu’ils ont. Et précisément, si la vie est un principe d’action regroupant les modalités par lesquelles elle se spécifie, on ne peut que parler d’une seule forme de vie, et non de vies différentes.

     Mais dès lors, si l’on constate différentes formes de vies dans la nature, comment est-il possible que la vie soit à la fois un seul principe et ait différentes applications, qu’elle soit à la fois commune et propre à chacun ? Car si la vie définit le principe de ce qu’elle anime, soit elle est essentiellement la même pour tous les vivants et n’accepte aucune sorte de caractère commun (qui regroupe selon des caractères similaires mais non identiques), soit elle n’est pas unique et accepte des regroupements, des similitudes et des différences entre les vivants, mais alors elle n’est plus principe et ne permet plus d’englober tout ce qui est dit vivant.

     Commençons donc par essayer de voir comment la notion de vie, en tant que principe à la fois propre et commun à certains êtres vivants organiques, peut être comprise comme un moteur des organismes des orienté vers son propre accomplissement, définissant un but. Cela nous permettra de nous pencher sur les communautés de vie animales, et de chercher à voir comment peut se constituer une vie commune au sein d’un écosystème (vivant) dont les membres sont en lutte constante les uns envers les autres. Finalement, nous nous pencherons sur la particularité de la communauté humaine, afin de voir comment une forme unique vie commune à tous peut être particularisée par l’abandon de toute réflexion sur l’orientation, sur le but de cette vie.


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La vie commune: Texte

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La vie commune (8 p.)

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